lundi 12 novembre 2012

MAQUILLAGE ORIENTAL: LE KHOL

Photo illustrant l'ArticleHistoire

Les Égyptiens l'utilisaient en tant que collyre pour prévenir et soulager des infections oculaires, et peut-être aussi pour protéger les yeux des fortes réfractions de la lumière du désert.
Le pharaon et ses sujets semblent avoir été également conquis par l'effet esthétique que conférait le khôl à leur regard, et femmes et hommes l'utilisaient pour se maquiller. On en trouve de nombreux exemples dans l'iconographie égyptienne antique.
Au fil des siècles, le khôl a continué à être utilisé par les Arabes et les Berbères.

Composition

Les recettes traditionnelles de cette poudre varie de l'Irak au Maroc, chaque région et chaque famille ayant ses propres recettes et variations.
L'une des recettes classique consistait à mélanger en proportions égales du sulfate de cuivre, de l'alun calciné, du Zenjar et quelques clous de girofle, puis de réduire les différents ingrédients dans un mortier. Au Maroc, on y ajoutait de l'huile d'olive pour le rendre plus doux à l'application.
Traditionnellement, on l'applique sur le bord interne de la paupière en utilisant un bâtonnet en bois appelé mirwed. Après l'avoir enduit de khôl, on glisse le bâtonnet entre les deux paupières jointes et, par un mouvement de va et vient, le khôl souligne harmonieusement l'œil ou la paupière.


Le Khôl au Maroc (par yawatani.com)

 Le khôl en poudre existe depuis l’époque des Egyptiens qui excellaient dans la fabrication des fards. Il a, ensuite, été repris par les Arabes et les Berbères. Au Maroc, on obtient cette poudre en broyant du sulfure d’antimoine, un minéral extrait des roches montagneuses de l’Atlas. Il est naturellement noir ou gris. Figurant en bonne place parmi les produits de beauté adulés par la femme marocaine, il est utilisé par les femmes de tout âge. À l’époque de nos grands-mères, c’était un atout majeur de séduction. Lorsqu’elles sortaient voilées, les gens ne pouvaient apercevoir de la femme que ses yeux bordés de khôl.



Un proverbe arabe dit que «l'œil est un arc dont les flèches atteignent toujours leur cible». Comment dès lors nier le soupçon de coquetterie, de beauté et de mystère qu’un simple trait de khôl, sur ou sous la paupière, peut ajouter à une personne ! Quand la femme met du khôl, elle aspire toujours à ce qu’on la compare à la gazelle aux grands yeux bordés de noir.
Pour l’application du khôl, la femme coquette effectue un merveilleux ballet de gestes. Elle introduit le «merwad», fin bâtonnet en bois lisse, dans le flacon de khôl puis le fait tourner deux ou trois fois. Après, elle le retire pour le glisser lentement, dans un mouvement gracieux entre ses paupières mi-closes pour obtenir un regard de braise et enflammer le cœur des hommes.
Photo illustrant l'Article
Côté production, au Maroc, seules les femmes sont habilitées à fabriquer le khôl. Izza fait partie de celles qui excellent en la matière. C’est une femme d’un âge avancé au visage buriné par les années. Son lieu de commerce est une vieille petite tente, plantée dans une petite ruelle de Derb Moulay Chérif à Casablanca. Izza est là, assise, entourée de bassines en fer. Elle attend ses clientes. Ses récipients contiennent des produits naturels qu’elle prépare elle-même et dont elle garde jalousement le secret de fabrication. En plus du khôl, il y a également du « sewak » et du henné. Lorsqu’une cliente l’interroge sur la composition du khôl, Izza manifeste sa réticence. Elle préfère répondre simplement qu’elle le prépare elle-même et suivant la tradition ancestrale. Izza ose quelques explications sans entrer dans les détails. «Je prends l’hajra (l’antimoine), je la broie et j’y ajoute des plantes que j’ai choisies et pilées moi-même». Mais impossible d’en savoir plus.



Plus loin, Mohamed, un jeune herboriste nous aidera à dévoiler le mystère des plantes qui entrent dans la préparation du khôl. «Les plantes que les femmes ajoutent à leur khôl diffèrent selon chacune. Mais la plupart des ingrédients utilisés sont les noyaux d’olives, les noyaux de dattes, les clous de girofle, le gingembre, le poivre blanc, la sarghina, la hdida hamra, la hdida zarka, de la nila fassia et d’autres matières minérales ou végétale», précise-t-il.
Pour un complément d’informations concernant le rituel de préparation du khôl, petit détour du côté des herboristes de Souk Jmia à Derb Soltan. Là, une vieille femme qui vend des produits de beauté naturels, livre sans hésitation le secret de la préparation de la potion noire aux reflets métallisés. «Tout d’abord, la femme qui fabrique le khôl doit être ménopausée. La préparation se fait un jour sans nuages. Elle prend en premier lieu, l’hajra (l’antimoine) qu’elle peut acheter ici à Souk Jmia chez les herboristes. Après, elle la broie finement dans un pilon en cuire. Puis, ce sera au tour des plantes choisies soigneusement et qui ont été carbonisées partiellement dans un tajine en terre. Par la suite, elle les pile finement dans le pilon en cuire et elle les mélange à l’antimoine broyé. Elle y ajoute une petite goutte d’huile d’olive. Enfin, elle prend un tissu très fin comme un morceau de bas collants et commence à tamiser la préparation en la frottant bien avec deux doigts pour faire passer le plus fin de la préparation à travers le tissu».



Hafida ajoute qu’ «il faut faire la différence entre le khôl piquant qui a une teinte noir et le khôl non piquant ou “messouss“ qui a des teintes allant du gris au bleu-vert». Le premier est celui auquel on a ajouté des plantes. Le second, c’est juste de l’antimoine broyé. Hafida qui en connaît un rayon sur le khôl conseille de l’utiliser surtout le matin. «Il ne faut pas l’utiliser le soir avant d’aller se coucher parce qu’ainsi, il brouille la vue». Il faut néanmoins préciser, que les plantes utilisées dans la composition du khôl au Maroc varient d’une région à l’autre. Par exemple, dans le khôl sahraoui on trouve «Oud dafla» ; ce qui n’est pas le cas pour le khôl marrakchi ou souiri.



Autre astuce que Hafida nous a dévoilée : «ce qui rend le khôl piquant et fait larmoyer les yeux n’est rien d’autre que le poivre blanc». Elle nous a également mis en garde contre le khôl auquel on ajoute des torchons brûlés, difficile à reconnaître.
Mais actuellement, pour obtenir de beaux yeux ensorceleurs, les femmes utilisent le khôl « nouvelle version ». Il s’agit, bien évidemment, du « crayon noir » ou de ce qu’on appelle «le khôl crayon ». Ce dernier consiste en une mine dure plus ou moins grasse incluse dans un tube en bois. Il ressemble énormément au crayon d’écriture. Le «crayon khôl» est un produit gras sans eau qui contient pigments et substances grasse. Il s’utilise comme le khôl en poudre et est disponible en plusieurs teintes (vert, rose, etc.).

Contrairement au khôl traditionnel, il fait l'objet de contrôles très rigoureux, mais il n’est nullement fabriqué d’après les mêmes recettes et conformément aux mêmes méthodes.
En tous les cas, les femmes modernes ont tendance à l’utiliser parce qu’il est facile à appliquer. «Le crayon est moins salissant que le khôl traditionnel. Pour cette simple raison, je ne me hasarde pas à appliquer le khôl des grands-mères», témoigne une amatrice de ce crayon dont la couleur noire ressemble à celle du khôl.

Mais, beaucoup d’entre elles affirment que le crayon ne vaut pas le charme du khôl et que c’est en raison du manque de temps qu’elles l’utilisent. Par contre, pour Ramadan, elles le délaissent pour revenir au khôl traditionnel. Outre son utilisation dans le maquillage, le khôl est considéré depuis toujours comme ayant des vertus médicinales. Les gens l’utilisaient contre les méfaits du climat chaud et sec sur les yeux. Et, les gens du désert, hommes et femmes, l’appliquaient sur leurs yeux pour les protéger des réfractions de la lumière émises par le sable. Le khôl fait également référence de médicament pour prévenir des maladies oculaires. Les ophtalmologues conviennent que c’est un anti-infectieux. D’autant plus que l’avis médical n’interdit pas son utilisation, mais conseille de ne pas partager le «merwad» parce qu’il peut véhiculer des infections oculaires. Toutefois, on sait que les femmes l’appliquent dans certaines occasions aux nouveau-nés. Selon leurs dires, le khôl est antimicrobien et cicatrisant. Ainsi, elles l’appliquent sur le moignon du cordon ombilical du bébé et sur ses yeux et sourcils afin que ces derniers soient bien fournis. Parmi ses autres vertus non prouvées, il favorise la coagulation sanguine et stimule la digestion. Potion magique aux multiples vertus et symbole de la beauté orientale, le khôl demeure, à ce titre, le roi des produits de beauté de la femme !

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