Acteur majeur de la diffusion de la mode, le mannequin est à l'honneur
d'une exposition à la Cité de la mode et du design, à Paris. Du XIXe siècle aux années 2000, elle retrace l'évolution d'un métier souvent stéréotypé.
Modèle de la maison de couture Fred, (anonyme, 1897)
Au XIXe siècle, le mot "mannequin"
désignait un buste en osier. Plusieurs d'entre eux, datant de toutes les
époques, sont exposés à la Cité de la mode et du design, au milieu de
vidéos, magazines et surtout de photographies, dont les plus anciennes
remontent à 1875. On y voit des couturières et des vendeuses portant les
vêtements des maisons pour lesquelles elles travaillent.
Modèle de Paquin, (anonyme, 1917)
Les mannequines professionnelles ne font leur apparition que plus tard, au début du XXe siècle. Elles sont alors mal perçues par l'opinion publique. "Les clients peuvent toucher le corps du mannequin, c'est un corps à disposition, à vendre, parfois assimilé à la prostitution", explique la commissaire de l'exposition, Sylvie Lécallier.
Initialement produite pour l'édition 2012 des
Rencontres d'Arles, l'exposition "Mannequin : le corps de la mode" a
remporté un vif succès auprès du public. Le Musée Galliera a ainsi
décidé de la prolonger à Paris dans le cadre de son programme hors les
murs.
Mannequines de chez Patou à Paris, (Boris Lipnitzki, 1927)
La commissaire de l'exposition estime que c'est
en 1924 que les normes de la beauté féminine sont posées, quand le
couturier Jean Patou fait venir à Paris des mannequines américaines "grandes, minces, sans hanches et aux chevilles fines".
C'est la première fois que le Musée Galliera, musée de la mode actuellement en travaux, rend hommage aux mannequines. "Elles sont au cœur de la mode et sans elles, il n'y a plus de mode", estime la commissaire de l'exposition.
Robe Jacques Heim, automne-hiver 1951, portée par la mannequine Ann Nutting, (Henry Clarke, 1951)
La mannequine, définie comme un idéal féminin de
beauté, doit séduire par une perfection généralement artificielle.
Formaté, dupliqué dans des poses mécaniques, façonné par le maquillage
ou la retouche, ce corps modèle répond à des normes physiques et
esthétiques qui, pour vendre du rêve, laissent peu de place au réalisme.
Robe Jacques Heim, printemps-été 1955, portée par la mannequine Dorian Leigh, (Henry Clarke, 1955)
Le culte de la jeunesse arrive vers les années
1960, avec des mannequines de plus en plus jeunes, selon Sylvie
Lécallier. Des étapes que l'on perçoit notamment à travers les
photographies d'Henry Clarke, d'Helmut Newton ou encore de Guy Bourdin.
Robe Charles Jourdan, été 1978, portée par la mannequine Nicolle Meyer, (Guy Bourdin, 1978)
Depuis la naissance de la haute couture, femmes de la haute société et actrices jouent les icônes de mode. Plus tard, les mannequines professionnelles imposent leur visage et leur nom. Révélées par les couturiers ou les photographes, elles deviennent leurs muses, reconnaissables mais modelables au gré de leur inspiration."Kate", la mannequine Kate Moss, (Corinne Day, 1990)
Le cliché de Kate Moss sur une plage par Corinne Day est "un tournant dans la photographie de mode" pour la commissaire de l'exposition. Cette image révèle l'adolescente qui, vingt-trois ans plus tard, reste une icône. "Elle ne correspond pas aux canons" des années 1990, aux mannequins sophistiqués à l'attitude "triomphante", précise Sylvie Lécallier.
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